Cela fait deux jours que les heures de repos ont été diminuées. Les services agricoles servent de services de préservation pour ne pas risquer que la population, celle qui a été rapatriée sur Terre, ne sombre dans la famine. Très peu d'individus sont autorisés à rester passifs. Seules les élites y sont. Nous n'avons plus que 4 heures par nuit pour nous reposer et profiter de notre 50m² avec notre famille s'il nous en reste une. L'avenue principale qui surplombe la quasi-totalité du quartier dans lequel j'ai élu domicile est désertée à cette heure de l'après-midi. Il fait noir. Aucune lumière n'éclaire les pavés sinueux de la descente vers les champs environnants.
*Bip* Même pour rentrer chez soi il nous faut bipper ce foutu bracelet. Ça sera quoi la prochaine étape ? Bipper lorsque l’on change de pièce ? Comme si on ne savait pas qu’il y avait des traqueurs GPS dans nos bracelets. Le fait de nous forcer à bipper leur permet juste d’avoir une double sécurité sur le suivi de nos mouvements mais aussi d’évaluer notre degré d’obéissance.
Ça y est. Le bracelet vibre, signe qu’il ne faut pas tarder à rentrer chez soi, l’heure du couvre-feu approche. Si nous sommes à l’extérieur de chez nous après l’heure, on reçoit des décharges électriques via le bracelet et notre niveau d’oxygène est réduit de 20% jusqu’à ce que l’on rentre.
C’est barbare et personne n’ose se soulever contre le gouvernement de peur de se voir l’oxygène complètement coupé. J’entends parfois certaines personnes dire que ce bracelet est une pure merveille, un véritable ordinateur implanté directement à votre poignet, remarquable disent-ils. Ils paraissent oublier le fait que leur vie est parasitée, dictée selon l'horloge intégrée aux captations de mouvements. Comment se révolter et atteindre le désir de liberté qui nous accable à longueur de journée les pieds dans la boue, les crampes nous arrachant la colonne vertébrale et les chevilles enflées d'avoir fait des va-et-vient constants ?
*Bruit d’alarme* Et cette foutue alarme qui hurle tous les soirs à l’heure du couvre-feu comme si nous étions bombardés. On ne peut décidément pas le rater ce couvre-feu. C’est à se demander ce qu’il se passe la nuit. La police ne circule pas dans les rues. On nous a conté comment l'ancien gouvernement démocratique était établi, les lois et devoirs qui le régissent lui et ses citoyens. Etre citoyen sur Terre, dans l'espace de New Valley, appartenant au jadis continent africain, ne signifie plus posséder des droits. Nous devons avoir l'instinct de conservation, vivre à l'affût comme des robots qui ne s'arrêtent jamais de produire.
5h plus tard La montre se met à vibrer dans tous les sens. Il est 1h du matin, que se passe-t-il encore ? L'écran s'illumine. Une notification de message apparaît et clignote sur les montres. Cela provient des grosses têtes du gouvernement qui ressentent le besoin urgent de nous envoyer des communications en pleine nuit. N'a-t-on plus le droit de dormir maintenant? Le sommeil cassé, je me mis à me pencher davantage sur le problème et m'aperçois que le message provient d'un tout autre lieu. Ils se nomment la Libération. Attendez une minute : "Qui sont ces gens ? ". Au vu du message transmis il est clair qu’il s’agit d’un groupe de militance prêt à faire face aux agissements du gouvernement. Sont-ils la relève de la Volte ? Ou un tout autre mouvement ? Comment ont-ils réussi à pirater le système ? Personne n’y a accès. Leur message est plein d’espoir mais une telle finalité va demander beaucoup de partisans, d’efforts et sûrement de dangers.
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